Mal et Fils – Extrait "L'oeil"
Je repense à l'avant-veille au soir quand le téléphone a
sonné, quand une voix remplie de tristesse a demandé à parler à mon père.
– Papa,
c'est Lilo.
Mon père se décompose. Il raccroche, va s’asseoir sur son lit
et se met à pleurer. Il articule à peine et nous explique que mon grand-père vient
de mourir : une chute en glissant dans sa baignoire. Mon cousin Philippe est à
la maison ce jour là. Il se hasarde à prononcer quelques mots de réconfort mais
mon père ne les entend pas. Ma mère ne tente rien pour apaiser sa douleur. Il
faut dire que ma mère a peur de la mort. Ma mère pense qu'il ne faut pas parler
de la mort.
– Maman, qu'est-ce qui se passe, demande mon
jeune frère Laurent ?
– Chut, tu vas nous faire venir l'œil.
– Chut, tu vas nous faire venir l'œil.
Chez nous, il y a des choses dont on ne doit pas parler,
auxquelles il ne faut même pas penser, sinon ça peut nous porter l'œil, et
l'œil, chez les juifs d'Algérie, c'est la plus grande malédiction que la terre
ait connue, pire que la mort elle-même. Ma mère s'est figée. La mort est
rentrée dans chaque pièce paralysant peu à peu les membres de la famille.
Mon père sanglote comme un enfant qui vient de tomber. Ma
mère nous fait signe de nous taire et ferme les yeux. Elle allume une
veilleuse. Ma mère croit que la mort est contagieuse, que c'est l'œil.
L'œil moi, je ne l'ai encore jamais vu. Ma mère, elle, elle
le voit toujours, à tel point que je ne sais jamais si c'est ma mère qui voit
l'œil ou l'œil nous voit. C'est ma grand-mère qui a enseigné la peur de l'œil à
ma mère et tous mes oncles et tantes ont une peur bleue de l'œil. Ma famille est croyante et se vante d'être
intelligente et un peu superstitieuse mais si vous parlez à ses membres de l'œil,
ou de la mort, ou de la maladie, ils vous diront :
– Ne parles pas comme ça mon fils.
Si vous mangez un œuf dur ou bien des olives noires un
samedi soir, si vous ouvrez un parapluie à l'intérieur d'une maison, ou si vous
posez du pain à l'envers sur la table, on vous dira :
– Attention à l'œil !
Nous, on est croyant. On ne sait pas bien pourquoi on est
croyant mais on est croyant. On croit que c'est D... qui a créé le monde et qui
a fait plein de miracles, mais chez nous, on a plus peur de l'œil que de D... à
les entendre on pourrait croire que c'est l'œil qui a créé D... J'ai beau
regarder devant, derrière, je ne vois rien. Pourtant, il est là, bien ouvert, un œil sans
paupière avec en son centre un globe tout noir, un œil bordé d'épais sourcils
regardant tout, et surtout entendant tout. C'est un œil qui a des oreilles, un
œil bien allongé , un œil qui ne dort jamais, qui écoute aux portes. Ils voient
à travers les serrures. Il apporte le regard de la mort. Il porte la voix de la
malédiction, la voix du malheur. Cette voix qui dit :
– Chut mon fils, il ne faut pas parler de cela.
– Et pourquoi ?
– La
vérité, je ne peux pas te dire, mon fils, mais tu sais chez nous, on ne parle
pas de ces choses là.
24 Février 2012
"Mal et fils", du livre à la mise en scène ...
Cela fait maintenant plusieurs mois que je travaille avec une metteur en scène d’Annecy sur l’adaptation de mon livre à la scène. Enfin, adaptation… un grand mot pour dire que cette professionnelle tente d’extraire des morceaux choisis afin d’en faire une lecture adaptée pour la scène. J’aurais donc le plaisir d’assister un comédien dans cette lecture. Pour vous faire patientez, une photo de ma petite équipe !
Françoise Lagrange, metteur en scène et Michel, comédien
26 Octobre 2011
Dédicace à l’hôtel de Ville de Brindas
C’est par une matinée brumeuse et tranquille, que j’ai dédicacé mon livre Mal et Fils à l’hôtel de ville. Ce fut l’occasion d’échanges enrichissants avec des Brindasiens venus à ma rencontre. Résidant moi-même depuis maintenant 10 ans à Brindas, cela a été un réel plaisir que de passer cette matinée dans ma commune. La Municipalité, par l’entremise de son adjointe à la Culture, Mme Liliane Valente, a très gentiment mis cette salle à ma disposition et je les en remercie vivement.
6 Septembre 2011
Mal et Fils – Extrait Maklouf "Maklouf
"Maklouf est né en 1892 à Oujda à la frontière entre l’Algérie et le Maroc… Il… décide de s’installer à Constantine. Les juifs en Algérie jouissent d’une place égale à celle des Français grâce au décret Crémieux. Mais à Constantine, le rire des enfants, qui débaroulent dans les ruelles, ne parvient pas à masquer les plaintes des filles juives devenues servantes chez des familles aux moeurs douteuses et qui s’abandonnent à la débauche et la luxure. C’est là-bas que Maklouf s’installe et rencontre sa future femme Béïa. Cette rencontre lui fait renoncer au voyage ; il abandonne sa baguette de sourcier pour l’aiguille, s’initie au métier de tailleurs arabe et entreprend de nombreux voyages à Lyon.
25 Novembre 2010
Critique de Jean Pierre Allali du livre "Mal et Fils" dans la rubrique " à lire" du site du CRIF
"Maklouf est né en 1892 à Oujda à la frontière entre l’Algérie et le Maroc… Il… décide de s’installer à Constantine. Les juifs en Algérie jouissent d’une place égale à celle des Français grâce au décret Crémieux. Mais à Constantine, le rire des enfants, qui débaroulent dans les ruelles, ne parvient pas à masquer les plaintes des filles juives devenues servantes chez des familles aux moeurs douteuses et qui s’abandonnent à la débauche et la luxure. C’est là-bas que Maklouf s’installe et rencontre sa future femme Béïa. Cette rencontre lui fait renoncer au voyage ; il abandonne sa baguette de sourcier pour l’aiguille, s’initie au métier de tailleurs arabe et entreprend de nombreux voyages à Lyon.
25 Novembre 2010
Critique de Jean Pierre Allali du livre "Mal et Fils" dans la rubrique " à lire" du site du CRIF
Juin 2010
Interview RADIO à l'occasion de la sortie de "Mal et fils"
sur Radio JUDAICA - Juin 2010
Pour écoutez l'interview cliquez sur Play :
Interview RADIO à l'occasion de la sortie de "Mal et fils"
sur Radio JUDAICA - Juin 2010
Je réponds en direct aux questions ...
2 Juin 2010
"Mal et fils " - En bref ...
Itinéraire d'un enfant du siècle - déchiré entre laïcité et
tradition - qui devient malgré lui le porte-parole d'une famille muette.
Denis
Azoulay plonge dans les racines de sa mémoire afin d'en extirper les non-dits
et surtout révéler comment naissent et grandissent les enfants de la haine.
Il
refait en souvenir l'histoire de son clan : le pogrom de Constantine, la vie
des juifs en Algérie, la survie des siens à Lyon pendant l'occupation nazie...
Tissant des liens permanents entre la grande et la petite histoire, l'auteur
nous entraîne avec humour entre souks et traboules, superstition et rituel des
fêtes juives. Il explique la fracture des Juifs avec le monde arabe, la
tentation chrétienne. L'initiation, le passage de sa bar-mitsva ainsi que la
découverte de la terre promise ancrent en lui le sentiment d'appartenance à un
peuple.
4 Avril 2010
Dédicace à la libraire DECITRE au Centre commercial Ecully Grand Ouest le samedi 4 avril 2010 de 16h à 18h.
2010
Sortie du livre " Mal et fils"
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